jeudi 28 novembre 2013

La danse des possédés (75)




D'abord se rendre compte qu'on est un vrai cuistre de ne pas avoir intégré cet album dans cette liste manquant un poil de sincérité. Ensuite se souvenir qu'on a partagé l'amour de ce disque avec un ami qui s'était mis en tête de nous apprendre à jouer de la guitare en battant le rythme sur notre épaule avec un onglet. Résultat : je ne sais pas jouer de la guitare, j'ai gardé une marque à l'épaule et j'écoute toujours l'album bleu de Weezer. En effet, comme l'écrivait l'autre : "Le devenir est une série d'occasions continuées : ces apparitions-disparaissantes reparaissent à tout moment, sans qu'il y ait progrès scalaire, sans qu'on se rapproche d'un but fixé à l'avance."


mardi 19 novembre 2013

Rendre le temps visible









Ces impressions de l'artiste américain Bryan Nash Gill sont à l'échelle 1/1 (par rapport aux sections de troncs d'arbres dont elles gardent l'empreinte). On peut en voir d'autres dans le livre Woodcut. Et si je pouvais en avoir une à mon mur, je serais un ex-apprenti dendrochronologue heureux.

samedi 16 novembre 2013

L'usage sonore du monde (21)







J'ai le plaisir de mentionner la publication du très beau magazine annuel Almanach Soldes #3. Ma contribution, illustrée par Philippe Lardy et Martha Rich (voir les deux dernières photos ci-dessus), revient sur l'audionaturalisme et le travail de Marc Namblard. En haut, la couverture et quelques feuillets de présentation de la revue. Une cinquantaine d'auteurs et d’illustrateurs ont contribué au volume et on y trouve, entre autres, des interviews de Frans de Waal (sur les primates et les origines de la morale), Frank Zappa, Christian Marclay... On y trouve aussi un manifeste de "Guerilla Gardening", des comics et bien d'autres choses. Pour ceux que ça intéresse, on trouvera ici un historique du magazine, dont une première mouture a vu le jour au début des années 1980 et a été adoubée par Andy Warhol ! Ça se trouve en librairie et ça se commande . Diverses soirées de lancement auront lieu à Paris (Point éphémère, Palais de Tokyo...), Bruxelles, Marseille... Pour le détail, voir ici.

vendredi 15 novembre 2013

Un nouveau nom (2)


On a peut-être d'autres idées pour un nouveau nom. Voir cet extrait d'En place publique. Jean de Gascogne, crieur au XVe siècle (Stock, 2013, pp. 56-58) de Nicolas Offenstadt, que je transcris sans l'appareil de notes. Pour information, la ville où vécut et "cria" Jean de Gascogne, dit "le Rat", est Laon.

"Notre Jean est le plus souvent surnommé "le Rat" dans les sources. (...)
Mais, Jean de Gascogne n'est pas le seul à porter un nom d'animal dans la ville (comme ailleurs), loin de là. On trouve, dès le premier registre conservé (CCI), un Herbert Cochon ou Jehan le Cochon et un Pierre le Cochon dans la paroisse Saint-Cyr, puis plus tard un "de la Cochonne", sans doute la même que Jehanne la Cochonne. D'autres Cochon sont encore mentionnés comme un "Marcassin", de même qu'un Jehan Mouton, un Jehan le Coq ou un Huet le Coq, des Jehan Coquelet, un Colart Poulet, une "Alips la Renarde" ou encore un Jacquemart la Biche, un "Jehan le Chat", et un "Oudart le Boucq", sans vouloir être exhaustif. Et certains noms semblent bien relever au départ du sobriquet comme ces Colin, Gérard et Jehan "Foy de Chien". D'autres patronymes ou sobriquets tiennent aussi à des caractéristiques physiques personnelles, souvent attribuées aux femmes comme "Gillette la Boiteuse", "Jehenne la Sourde", "Jehenne la Laidure", "Perrotte à la grosse jambe", "Ysabel aux grans dents", "la grosse Marguerite" et, pour finir, "Marion Petit Cul" ou encore "le Cocu" voire "le Besgue". "Caisin" ou "Nicaise" "Malostrut" indique aussi une caractéristique négative. En ce sens, le sobriquet de Jean de Gascogne s'inscrit aisément dans un ensemble de dénominations qui ne le singularisent pas outre mesure."

mardi 12 novembre 2013

Le terril (6)


Pourtant, tous les voisins souriaient.

samedi 9 novembre 2013

Vers les cimes (36)


Dans La claire Fontaine (Verdier, 2013), David Bosc écrit (et on voudrait écrire ce mot en majuscules) l'exil en Suisse de Gustave Courbet après sa participation à la Commune de Paris. Et c'est une merveille. Ci-dessous, deux courts extraits (p. 17 et pp. 50-51). En haut, une photographie des restes de la Colonne Vendôme, détruite le 16 mai 1871 sous les ordres de Courbet. 

"L’homme qui venait de franchir la frontière, ce 23 juillet 1873, était un homme mort et la police n’en savait rien. Peu de temps avant son départ, il avait écrit : "Aujourd'hui, j'appartiens nettement, tous frais payés, à la classe des hommes qui sont morts, hommes de cœur, et dévoués sans intérêts égoïstes à la République, et à l'égalité." (Tous frais payés, ça veut dire : j'ai casqué, recta, il n'y a pas de princesse dans les parages.) L'holocauste écœurant dans lequel furent jetés la Commune et les communards avait tant et si bien frappé Courbet qu'il se rangeait dorénavant parmi la classe des hommes qui sont morts. En d'autres mots, il est sorti du grand chantage. Il a quitté la piste où prévalent les sornettes de la timbale à décrocher, de la marmite à rétamer, de l'honneur à tenir plus blanc que blanc au milieu du carnage, de la santé qui fait que tout va quand ça va ; il a balancé la dragée haute et le reste ; il s'est accordé d'être aveugle aux affiches, sourd aux fifres. A la façon des morts, il s'est arrangé un passage dans un autre monde, et le premier venu a fait l'affaire. C'est un homme mort qui fera l'amour avant huit jours."

" La campagne alentour était on ne peut plus jolie. La campagne, c'était cela qu'aimait le père de Courbet en l'appelant la Nature, cette clémence arrachée à l'absurde, cet enfouissement panique de la sauvagerie : un enclos, une vigne, un jardin d'agrément. Les pères et les mères transmettent leurs goûts à leurs enfants, on en convient, mais c'est un phénomène d'imprégnation et qui n'assure rien moins que la reprise des flambeaux ou l'enrichissement des collections. Le goût du vin, celui de la poussière, celui du sang, le goût de la nature aussi bien que l'odeur du parquet ciré - les enfants gardent tout. Mais le goût de la nature peut prendre la forme de la haine, de la manie, de l'addiction, la forme de n'importe quoi. On n'a pas la même façon d'aimer. 
Courbet a eu recours aux forêts inconcevables. Son œil ne tenait pas sur les jardins mignards. A peine assis, la barrière le gène, il s'arrache au pliant, renverse les guéridons, calte, dévale tout le chemin jusqu'au gros chêne, gicle et fuse parmi les blés, paumes ouvertes sur la barbe d'épis, doigts écartés dans la fourrure rêche, qui le gratte, l'irrite, l'échauffe ; il plonge à la première eau, flaque ou nuage noir. Il lui fallait incorporer la nature - boire, dévorer -, et s'y incorporer - se baigner, pénétrer les fourrés, les frondaisons, les grottes - et il brûlait, il devait, par un moyen ou par un autre, en restituer quelque chose.
Son œil ne tenait pas sur les jardins mignards, mais il y avait les fleurs. et le paradis de Courbet, c'était peut-être au cœur de la forêt, dans le maelström de la sauvagerie, un grand corps fait de fleurs. En Saintonge, au début des années soixante, il avait peint une jonchée de fleurs étendue sur un banc. Au pied d'un arbre vigoureux, dont les branches s'arc-boutent pour arrêter la catastrophe d'un crépuscule du soir, faisant comme une grille sur la férocité de nuages sanglants. Contre le ciel taché de brun, de vert, au pied d'un arbre noueux, c'était un corps alangui de fleurs suaves, dont une au milieu devenait blanche à la douleur. Des fleurs qui n'en finissent pas de s'ouvrir sous la rosée tranquille. Et sur le corps fragile et sauvage d'un printemps de fille, l'arbre - un peuplier tremble, probablement - dépose le rehaut sombre d'une autre mesure du temps, de cela qui dure tandis que nous mourons."

jeudi 7 novembre 2013

Retour (16)


Tandis que je causais à la radio, un groupe de personnes bien intentionnées a glissé un prospectus dans la boîte aux lettres. Heureusement pour la cohérence sonore de mes interventions, ils n'ont pas fait trop de bruit. Cette discrétion alors qu'ils œuvrent au salut de mon âme les honore. Sur leur dépliant rose bonbon, une question : "Les morts reviendront-ils un jour ?" Je ne s'en sais fichtre rien, mais ce dont je suis sûr, c'est qu'on peut réécouter l'émission Culturesmonde (sur France Culture) à propos des "bruits de la ville". J'y présente l'enregistrement de terrain et le travail de "sonic journalism" de Peter Cusack en quelques mots. Ça se passe ici.
Lors de la même émission et en plat de résistance, Henry TORGUE, Directeur de l'UMR Ambiances architecturales et urbaines et chercheur au Centre de recherche sur l'espace sonore et l'environnement urbain (CRESSON), ainsi que Yannick DAUBY, depuis Taïwan, artiste sonore, auteur de plusieurs « phonographies » présentent leur travaux.
Ci-dessus, le lever de drapeau sur la place Tian'anmen dont on entend une captation par Peter Cusack dans le podcast. Merci à Salomé Viaud pour son intérêt !