dimanche 30 mai 2010

Epiphonie #6 : Dolphins into the Future + Orphan Fairytale

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Réservez la date du samedi 12 juin ! Bientôt plus d'infos sur le site d'Epiphonie... (Affiche par Flight of the Ruffian)
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samedi 29 mai 2010

Hommage


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Nous étions jeunes et larges d'épaules
Bandits joyeux, insolents et drôles
On attendait que la mort nous frôle

On the road again, again
On the road again, again

Au petit jour on quittait l'Irlande
Et derrière nous s'éclairait la lande
Il fallait bien un jour qu'on nous pende

On the road again, again
On the road again, again

La mer revient toujours au rivage
Dans les blés mûrs y a des fleurs sauvages
N'y pense plus, tu es de passage

On the road again, again
On the road again, again

Nous étions jeunes et larges d'épaules
On attendait que la mort nous frôle
Elle nous a pris les beaux et les drôles

On the road again, again
On the road again, again

Ami sais-tu que les mots d'amour
Voyagent mal de nos jours
Tu partiras encore plus lourd

On the road again, again
On the road again, again
On the road again, again
On the road again, again
On the road again
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vendredi 28 mai 2010

Poème ?

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"Pendant un moment ma tête, je vous assure, a été comme une mer déchaînée et je n'ai pas entendu ce que les jeunes gens disaient, bien que j'aie saisi quelques phrases, quelques mots isolés, les prévisibles, je suppose : la barque de Quetzalcoatl, la fièvre nocturne d'un petit garçon ou d'une petite fille, l'encéphalogramme du capitaine Achab ou l'encéphalogramme de la baleine, la surface qui est pour les requins la bouche du vaste enfer, le bateau sans voile qui peut être aussi un cercueil, le paradoxe du rectangle, le rectangle-conscience, le rectangle impossible d'Einstein (dans un univers où les rectangles sont impensables), une page d'Alfonso Reyes, la désolation de la poésie."
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Deuxième lecture des Détectives sauvages de Roberto Bolano (extrait ci-dessus : Christian Bourgois, 2006, p. 575). Nouveaux détails, nouvelle joie.
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vendredi 21 mai 2010

Tima Formosa

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Dans la catégorie des albums qui font peur autant qu'ils fascinent trône désormais Tima Formosa d'Oren Ambarchi, Jim O'Rourke et Keiji Haino (Black Truffle). Drones et incantations s'interpénètrent pour emmener l'auditeur dans un ailleurs évoquant des rites étranges dans des paysages industriels désolés. Si vous arrivez à la fin du disque en ressentant un sentiment d'oppression, c'est normal et c'est bien.
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mercredi 19 mai 2010

Ce soir

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Os Meus Shorts:
Un nom énigmatique pour un projet atypique: Nico Roig à la guitare, objets et composition, Marti Melia à la clarinette basse et objets et un invité multi-instrumentiste, Joáo Lobo (Music For Rabbits).
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Inspiré d'un carnet de voyage qu'on lit à voix haute entre amis, c'est forcément une musique éclectique avec de micro morceaux de quelques secondes, et d'autres plus longs. Des pensées, des dessins, des tickets, des notes... un voyage.
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Les Filles de Hirohito:
Normalement, un duo de chansons françaises.
Mais, dans cette version inédite et machinée, ils puisent dans leur répertoire pour improviser un remix des refrains, histoires et modulations qui les accompagnenet depuis maintenant 3 ans...
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Au menu, des textes originaux, Paul van Ostaijen, Pieter de Buysser, Serge Delaunay, William Cliff, François Villon et pour le reste, on verra...

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Texte ci-dessus issu du site du Ciné Club du Laveu. (Rue des Wallons 45 Liège)
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Ce soir, mercredi 19 mai, 20.00-20.30, 5 euros.
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lundi 17 mai 2010

Le Siècle

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"Siècle mien, bête mienne, qui saura
Plonger les yeux dans tes prunelles
Et coller de son sang
Les vertèbres de deux époques ?
Le sang-bâtisseur à flots
Dégorge des choses terrestres.
Le vertébreur frémit à peine
Au seuil des jours nouveaux.

Tant qu'elle vit la créature
Doit s'échiner jusqu'au bout
Et la vague joue
De l'invisible vertébration.
Comme le tendre cartilage d'un enfant
Est le siècle dernier-né de la terre.
En sacrifice une fois encore, comme l'agneau,
Est offert le sinciput de la vie.

Pour arracher le siècle à sa prison.
Pour commencer un monde nouveau,
Les genoux des jours noueux
Il faut que la flûte les unisse.
C'est le siècle sinon qui agite la vague
Selon la tristesse humaine,
Et dans l'herbe respire la vipère
Au rythme d'or du siècle.

Une fois encore les bourgeons vont gonfler
La pousse verte va jaillir,
Mais ta vertèbre est brisée,
Mon pauvre et beau siècle !
Et avec un sourire insensé
Tu regardes en arrière, cruel et faible,
Comme agile autrefois une bête
Les traces de ses propres pas."
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Le Siècle d'Ossip Mandelstam (1923), traduit par Cécile Winter et Alain Badiou et publié dans Le Siècle d'Alain Badiou, Editions du Seuil, 2005, pp. 26-27. La photographie ci-dessus montre Mandelstam lors de son arrestation en 1934 après avoir écrit un poème jugé irrespectueux sur Staline. Après avoir été assigné à résidence, l'écrivain meurt en chemin vers les camps de la Kolyma suite aux purges de 1937.
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vendredi 14 mai 2010

Mise en scène de la parole

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Ces jours-ci, je regarde les documentaires du coffret Denis Gheerbrant l'arpenteur (édité par le toujours parfait Geste cinématographique). Avec sa caméra et son magnétophone, Gheerbrant sillonne depuis de nombreuses années des lieux ordinaires, des endroits auxquels on ne penserait pas toujours pour exprimer un désir de cinéma : des banlieues, des hôpitaux... Pour Questions d'identité (1983) par exemple, il est allé à la rencontre de jeunes d'origine algérienne dans la banlieue d'Aulnay-sous-bois. Que l'éventuel lecteur ne fuit pas, nous ne sommes pas ici dans le reportage sensationnaliste ou misérabiliste que ce genre de sujet pourrait entraîner. Pas du tout. Le film évolue plutôt dans un univers du documentaire qui serait caractérisé notamment par un dialogue réel entre le cinéaste et le filmé, aboutissant à une 'mise en scène de la parole', et par la présence marquée du réalisateur dans le projet cinématographique.
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C'est ainsi que l'on apprend au détour d'une conversation que Gheerbrant a passé 6 mois avec les jeunes Algériens avant d'embarquer sa caméra, pour les suivre dans leur banlieue, mais aussi dans leur pays d'origine. Le thème de la confiance apparaît ainsi comme un leitmotiv : qu'est-ce que je peux-veux dire face à la caméra ? Comme en témoigne le premier chapitre de l'ouvrage Cinéma documentaire. Manières de faire, formes de pensée (Editions Yellow Now) intitulé Mise en scène de la parole et qui résulte d'un débat entre Gheerbrant, Raymond Depardon, Nicolas Philibert, cette thématique apparaît essentielle afin de cerner les enjeux du cinéma documentaire. Extraits :
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"Patrice Chagnard : (...) Pour que la parole advienne, il faut être deux, il faut qu'il y ait un autre; et entre les deux, la parole suppose une sorte de contrat, d'alliance, car faire un film est un acte de parole, au sens où parler est faire confiance à un autre. Une relation m'engage et je ne peux la vivre que dans la confiance. Ainsi, par exemple, je suis incapable de filmer quelqu'un avec qui je n'ai pas parlé, ou avec qui je ne peux pas parler; je ne peux pas filmer "contre". Pendant longtemps, j'ai voulu filmer "pour", c'était mon côté un peu militant. Avec le temps, je ne filme plus ni pour, ni contre, je filme "avec", et cet "avec", c'est le contrat. Je sais bien qu'entre dans ce jeu une grande part de séduction ou de ruse, mais il faut rester dans le domaine de la confiance. Si le fil est brisé, le film s'arrête : cela m'est arrivé.
Enfin, voici un point sur lequel je m'interroge et que je ne peux qu'esquisser : quelque chose de la parole brise un effet de fascination de l'image. La parole introduit une limite dans le champ du regard, et ce rapport conflictuel fait, je crois, le sens du film."
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"Denis Gheerbrant : Si documentaire il y a, et non reportage, c'est qu'il y a bien une fiction qui tisse un film, l'imaginaire dans la parole."
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"Denis Gheerbrant : Quand on parle de la mise en scène de la parole, on veut dire comment la parole devient chair. (...) Sur cette parole qui se fait chair, un psychanalyste, Denis Vasse, dit : "Le corps est le maintenant de la parole."
Je crois qu'on est tout de même toujours dans le mythe d'une première fois en même temps que d'une reconnaissance. C'est parce que tu as déjà entendu quelque chose qui n'a jamais été prononcé que tu peux l'entendre !
Avec Patrice, on pensait que la différence entre le reportage et le documentaire, c'est que le reportage travaille sur le déjà vu, qu'il ne peut filmer que ce qui est du domaine du répertoire de la représentation, alors que le documentaire travaillerait, lui, du côté de la reconnaissance. De ce qui est déjà en nous mais que nous n'avons jamais vu."
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Ici, deux entretiens avec Denis Gheerbrant.
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vendredi 7 mai 2010

Le siècle du cinéma

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"James Dean, jeune ange colorié en celluloïd et mal, adolescent à toute vitesse et mâle déguisé par le désespoir mécanique, libère avec sa mort les enfants terribles sans fleurs, soleils et rythmes.
Quand les mythes prennent de telles proportions, il faut aller plus loin que tous les débraillés qui existeraient encore, pour enfin liquider la forme et la formule en gestes de spasmes et de douleur.
James Dean sature la tradition du mythe et envahit l'espace des désirs.
Ange rebelle habité par un démon insatisfait et tourmenté par un Œdipe inconscient - la jeune mère qui l'a bercé et qui a vite disparu de son enfance -, Dean déchirait l'asphalte et dépliait les courbes de la route en cherchant un sens à la vie dans chaque coup de volant.
Parce que ses yeux étaient faibles, l'esprit atteignait un but et la voiture d'acier poli, bolide perçant un génie - substitut, au rythme déséquilibré, du berceau maternel - rompait le vent et libérait l'enfant de cette angoisse qui s'échappait des blousons de cuir noir, des vieux pantalons de vacher, des cheveux en bataille, comme ceux de Méduse.
Dean ne fut pas une étoile ordinaire.
Il est le symbole d'une génération sans morale à laquelle obéir et réfugié derrière les formules.
Il a hurlé contre le jugement avant de sentir, et pour cela il a aimé animaux et machines.
Il portait un "mal de vivre" et jamais il ne fut surpris par la mort.
Il savait la tragédie et l'a précipitée à cent soixante-dix kilomètres de choses inexplicables.
"James comme Joyce, Byron comme le poète boiteux, Dean comme moi..." - JAMES BYRON DEAN."
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Glauber Rocha, publication originale : "James Dean - um Anjo e um Mito" dans A Tarde (Salvador, mai 1957), traduit en français par Mateus Araujo Silva et édité en 2006 par les excellentes éditions Yellow Now dans un recueil de chroniques de Rocha intitulé Le siècle du cinéma.
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C'est via la très belle liste de films et le blog de Globe Glauber que j'ai découvert le cinéaste brésilien Glauber Rocha (la correspondance entre ces noms n'est bien entendu pas un hasard). S'il est le chef de file du "Cinema Novo" (le cinéma moderne brésilien des années 1950-60 influencé par le Néo-Réalisme italien et la Nouvelle Vague française), je n'ai pu voir de Rocha que le chef-d'œuvre Antonio Das Mortes, qui s'attachait à suivre les péripéties d'un bandit de grand chemin dans le Sertao (pour info le sous-titre O Dragão da Maldade contra o Santo Guerreiro signifie Le dragon de la méchanceté contre le saint guerrier, ça ne fait pas envie ?). Sur Rocha, voir notamment ici.
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C'est encore le même Globe Glauber (merci à lui !) qui m'a signalé l'existence de l'ouvrage Le siècle du cinéma que je me suis précipité d'acquérir. Ce livre est intéressant à plus d'un titre. D'abord, les plus de 80 textes critiques rassemblés ici l'ont été par Glauber Rocha de son vivant. On ressent ainsi une réelle cohérence à l'ensemble, divisé en trois sections consacrées au cinéma d'Hollywood, au Néoréalisme et à la Nouvelle Vague. Ensuite, il y a un style très personnel, qui navigue entre évocation poétique (voir ci-dessus), pamphlet politique (notamment une charge réjouissante sur "Apocoppolakalypse" Now) ou encore reportage burlesque (par exemple une rencontre hilarante avec Luis Bunuel). Enfin, la pensée de Rocha se construit comme une lecture très originale du cinéma occidental car elle est échafaudée du Brésil, en dehors des circuits habituels, de surcroît par quelqu'un aux idéaux politiques affirmés. Plonger dans ce livre permet ainsi de découvrir ou de redécouvrir de nombreux films aimés...
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dimanche 2 mai 2010

Comme un guerrier

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La vidéo
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Comme un guerrier
Qui perd son bras,
Son œil au combat,
A chercher le choc,
Fendre le roc
Comme un guerrier qui tombe.

Un pied dans la tombe,
On se fait mal
Et sifflent les balles,
Le vent, la mitraille,
Le pont, les rails.
Dessous la rivière
Rapide et fière
Rapide et fière.

Une barque t'attend
Et l'indienne est dedans
Avec ses cheveux noirs,
Ses dents d'ivoire.
On a rien à se dire.
Ensemble, on va fuir,
Ensemble, on va fuir.

Comme un guerrier,
Le crâne bandé,
Qu'a plus qu'une heure à vivre
Sur la toile du sac,
Quand la fièvre monte
Au fond du hamac,
C'est comme un guerrier qui raconte sa vie.

Nous prendrons nos fusils,
Marcherons sur l'Asie
Afin de voir s'ils sont heureux,
Afin de voir s'ils sont heureux.

Comme un guerrier,
Condamné, condamné,
Le crâne rasé,
Sous la pluie, l'averse,
Y a le pont qui traverse.
Dessous la rivière,
Rapide et fière.

La barque t'attend
Et l'indienne est dedans
Avec les fusils,
De la poudre et du plomb.
Et y a le garçon blond
Qu'on traîne avec soi
Malgré ses cheveux de soie.

Nous prendrons nos fusils.
Nous savons nous battre aussi
Afin de voir s'ils sont heureux,
Afin de voir s'ils sont heureux.

Comme un guerrier
Qui perd son bras,
Son œil au combat
Mais quand tu t'éveilles,
Que tu vois la bouteille,
La lampe brisée
Sous la moustiquaire,

Alors, t'as perdu la guerre
Et l'indienne est partie.
Elle a jamais vu la mer.
Tu lui avais promis.
Elle en a marre de la misère.
Elle voulait voir les lumières de la ville.
Elle voulait voir les lumières de la ville.

Comme un guerrier
Condamné, condamné,
Avec son œil de verre
Mangé par les vers,
Percé de flèches empoisonnées,
Condamné, condamné,
Avec les ailes brisées.

Tu resteras seul
Avec des mouches plein la gueule,
Les semelles collées
Tu sentiras dans ton dos
Glisser les anneaux
Du serpent froid
Ce s'ra la dernière fois.

Sur la grande rivière,
Le paradis sur la Terre.
T'as l'indienne qui court,
Qui hurle à l'amour,
Aux pierres aux ronces,
Et qu'a pas de réponse,
Et qu'a pas de réponse.

Alors, tu te sens si vieux,
La main devant les yeux.
Le mal te guette
Et ce soir peut-être,
Sous le million d'étoiles,
A pleurer sur le sac de toile,
A pleurer sur le sac de toile