mardi 20 mai 2014

Quel effet cela fait, d'être une chauve-souris ?



Qu'est-ce qu'une expérience consciente ? L'homme seul vit-il des expériences ? Peut-on, et comment, pallier l'impossibilité de décrire une expérience autre, d'un animal par exemple, en usant d'autres critères que l'imagination ? Ce sont quelques-unes des questions que se pose le philosophe Thomas Nagel dans son célèbre article Quel effet cela fait, d'être une chauve-souris (What Is It Like to Be a Bat? dans Philosophical Review 83, 1974, pp. 435-450, traduction en français par P. Engel, dans Questions mortelles, PUF, 1983) et qu'on pourra lire ici. Et cela impose une saine humilité. Extrait :

"(...) on pourrait aussi croire qu'il y a des faits qui ne pourraient jamais être représentés ou compris par les êtres humains, même si l'espèce devait durer toute l'éternité - tout simplement parce que notre structure ne nous permet pas d'opérer au moyen de concepts du type approprié. Cette impossibilité pourrait même faire l'objet d'une observation de la part d'autres créatures, mais il n'est pas évident que l'existence de telles créatures, ou la possibilité de leur existence, soit une précondition du caractère signifiant de l'hypothèse selon laquelle il y a des faits inaccessibles aux êtres humains. (Après tout, la  nature de créatures ayant accès à des faits inaccessibles aux humains est sans doute en soi-même un fait inaccessible aux humains.) De demander quel effet cela fait d'être une chauve-souris semble nous conduire, par conséquent, à la conclusion suivante : il y a des faits qui ne consistent pas en la vérité de propositions exprimables dans un langage humain. Nous pouvons être contraints de reconnaître l'existence de faits de ce genre sans être capables de les établir ou de les comprendre."

Aucun commentaire: