mercredi 28 novembre 2012

La danse des possédés (48)



Dance and Trance in Bali est tourné entre 1936 et 1938 par Margaret Mead (l'auteur du célèbre Mœurs et sexualité en Océanie) et son mari Gregory Bateson. Le film sort en 1952. Qui de la sorcière ou du dragon sera le vainqueur ?

samedi 24 novembre 2012

L'usage sonore du monde (14)






Découverte cette semaine du très beau disque Bornéo - musique des chasseurs de têtes édité par le Musée de l'Homme en 1956 et réédité une seule fois en 1972. Le disque regroupe des enregistrements captés par Pierre Ivanoff en 1953 et 1954. On y entend des chants liés au retour de la chasse ou aux activités quotidiennes. Surtout, une piste nous fait ouïr un chamane entonner une complainte hypnotique qui se fond dans le paysage sonore de la jungle environnante. Disque difficilement trouvable donc, mais qu'on peut écouter dans sa totalité ici, sur l'inépuisable et indispensable site des archives sonores du CNRS-Musée de l'Homme.
Pour la source des photographies (prises à divers moments durant la première moitié du 20e siècle), voir ici.

jeudi 22 novembre 2012

Retour (1)


Apparemment, le livre Field Recording. L'usage sonore du monde en 100 albums arrive peu à peu dans les librairies... Ce matin, il était sélectionné comme 'coup de cœur' dans la Matinale de France Musique, ce qui nous réjouit ! A écouter ici après 21 minutes. Concernant Radio France, deux émissions consacrées au livre seront bientôt enregistrées pour une diffusion en décembre : L'atelier du son sur France Culture et Tapage nocturne sur France Musique. Dates, heures de diffusion et liens de podcasts seront fournis en temps voulu. Pour ceux que ça intéresse, une première séquence Archipel dans l'émission Big Bang! (sur Musiq3) a été dévolue aux deux premières parties du livre. On y entend des enregistrements de Ludwig Koch, Marc Namblard et Steven Feld ainsi qu'une polyphonie formosane. Une seconde séquence sera diffusée lundi 3 décembre. Enfin, dimanche soir, de 20.30 à 22.30, je serai sur Radio Campus pour la super émission MU. Le lien de podcast suivra également.

mardi 20 novembre 2012

La danse des possédés (47)




Ce dimanche soir, affalés dans un sofa rouge placé en travers d'un salon ami, nous avons découvert et vécu avec joie la transe et le son vibrant des cabrette et vielle à roue du Duo PuechGourdon. Pour écouter cette musique d'Auvergne et du Limousin, on clique ici. Pour en savoir plus sur La Nòvia, collectif dont le duo est issu, voir sur leur site ici, mais aussi dans cet article .
La tradition n'existe pas...

vendredi 16 novembre 2012

Mnémotourisme (13)




 



Lieux de chasses passées... 
Notre regard "désauvagé" brouille les pistes. Qui de la proie, du prédateur ou du "cadre" fait ici le plus objet de nostalgie ? 
Ces photos, et d'autres, malheureusement sans références, ont été trouvées ici. A propos des autres clichés, on remarquera l'association récurrente du cadavre de l'animal avec le véhicule du chasseur, support d'exposition à notre avis hautement significatif...

mercredi 14 novembre 2012

L'usage sonore du monde (13)





A l'occasion d'une semaine consacrée à John Butcher sur Le son du grisli, on réécoute son fabuleux album Resonant Spaces (Confront, 2009), issu d'explorations sonores étourdissantes dans divers lieux écossais. Ce disque hautement recommandable fait par ailleurs l'objet d'une notice dans notre ouvrage à paraître... demain. On en profite enfin pour mentionner l'édition de deux très intéressants cahiers consacrés au musicien par Le son du grisli. D'une part un texte de Butcher lui-même (Liberté et son : à nous trois, maintenant) sur les spécificités de la liberté dans l'improvisation dite libre et d'autre part un abécédaire John Butcher composé par Guillaume Belhomme et Guillaume Tarche. Des notions aussi diverses que 'feedback', 'étourdisseur', 'quarks' ou encore 'oubli' y sont joliment déclinées à l'aune de la carrière du saxophoniste. On ne résiste ainsi pas à partager le texte consacré à 'liquide' :

"Pour peu que le son de la salive y soit propulsé par le souffle, le saxophone - en-deçà même de l'émission de la moindre note - devient une excellente chambre d'écho, un tamis d'analyse spectrale, un brumisateur d'harmoniques. Amplifié (par la bouche, par l'instrument, par un éventuel microphone), ce mélange d'air et d'eau brouille les frontières physiques des éléments ; il confère au son une dimension tactile dont Butcher a toujours tiré grand profit. A cet égard, son association avec le clarinettiste Xavier Charles et le trompettiste Axel Dörner est bien parlante : fin brouillard ou ciel de traîne, en chapelets ou à gros bouillons, leurs ébullitions conjointes concurrencent poétiquement les textures les plus synthétiques et les bruits les plus "blancs" de la lutherie électronique..."

Les photos ci-dessus sont issues du site de John Butcher.Voir également ici sur Resonant Spaces.

lundi 12 novembre 2012

La danse des possédés (46)



Le Roi Renaud (ou la Complainte du Roi Renaud) est un morceau qui nous a presque traumatisé lorsque beaucoup plus jeune, on découvrit son texte dans un recueil de chansons pour enfants. Il faut dire que cette chanson dont les origines remontent au Moyen Age commence ainsi : "Le roi Renaud de guerre revint, tenant ses tripes dans ses mains" et s'achève par le trépas d'une jeune accouchée. Depuis, on en a entendu de nombreuses versions, plus ou moins marquantes. Mais avec celle qui est présentée ici, on tient quelque chose de fort et d'hypnotisant, qui sied bien à cette complainte tissée à la fois d'amour et de cruauté.
De bienfaisantes chaînes de traduction et de transmission, ainsi qu'un temps et une géographie élastiques ont permis à ce texte d'être sublimé par la rencontre d'Eloise Decazes (Arlt) et d'Eric Chenaux (Constellation Records). Un très bel album de ce duo est sorti il y a peu sur un nouveau label prometteur intitulé Okraïna Records, nommé ainsi en hommage à un film de Boris Barnet sorti en 1933.

samedi 10 novembre 2012

L'usage sonore du monde (12)

 

Soundwalkers, un documentaire de Raquel Castro sur le son, le field recording et l'importance de l'écoute. Présentation sur le site, de plus en plus riche, des Sounds of Europe.

jeudi 8 novembre 2012

L'usage sonore du monde (11)



Parmi les nombreux albums qu'on aurait voulu inclure dans notre sélection de 100 disques figure Cables & Signs (ten underwater field recordings) de Thomas Tilly (Fissür, 2010). On y entend des sons captés sous l'eau dans les douves du château de Sanzay, dans le Poitou. Mais la portée éventuellement documentaire ou scientifique de cette succession de field recordings est secondaire. Enregistrés à l'aide d'hydrophones, ces sons émis notamment par des insectes aquatiques interpellent avant tout par cette capacité qu'a l'écoute de métamorphoser un phénomène sonore en phénomène musical.
Dans une très intéressante interview publiée dans Revue et corrigée (septembre 2012, no. 93, p. 9), Tilly s'exprime ainsi : "Dans le cas de Cables & Signs, je savais dès la phase de terrain que j'utiliserais ces enregistrements sans les retoucher. Tout m'intéressait, du timbre des sons aux formes qu'ils dessinaient. Et puis j'avais affaire là à quelque chose qui me touchait aussi bien culturellement que théoriquement, c'est-à-dire à des sons plus proches de la synthèse analogique et d'une certaine musique minimaliste que de formes sonores que l'on est en droit d'attendre d'un environnement naturel. Ces sons avaient donc pour moi un sens musical, dès la première écoute (...)."

Pour une écoute de quelques-unes de ces pièces passionnantes, voir ici sur le site de Fissür.
Thomas Tilly a publié cette année un duo avec Jean-Luc Guionnet : Stones, Air, Axioms (Circum-Disc)

Pour l'anecdote, Thomas Tilly a réalisé des enregistrements du micronecte (Micronecta scholtzi, photo ci-dessus), une espèce de punaise d'eau (de plus ou moins 2 mm de long) dont les stridulations émises par le frottement des parties génitales peuvent atteindre les 99 décibels. Cette particularité en fait un des animaux les plus sonores proportionnellement à sa taille ! Voir ici pour plus d'infos sur cet aspect étonnant.

lundi 5 novembre 2012

OVNIvins


Dès 20.00 :

+ Un dégustation de 7 vins : Nous aurons essentiellement des vins d'Ardèche (Le Raisin et l'Ange, Le Mazel, Les Deux Terres, Les Vigneaux, Andréa Calek…), d'Anjou (Jérome Saurigny) et de la Drome (Domaine Lattard).
+ Une Intervention solo de Christophe Auger, projecteur 16mm, film, lumière, objets.
+ Une Intervention solo de Jérome Noetinger, magnétophone à bande Revox, micro, objets.
+ Quelques films surprises ! (courts métrages en 16mm)

dimanche 4 novembre 2012

La tâche d'en dominer le déferlement sur la terre






Ce samedi, nous sommes allés écouter un concert de sonneries de trompes de chasse "en présence de la clé de saint Hubert", exposée à l'occasion de la fête du patron des chasseurs. Pour l'occasion, on livre un extrait du passionnant Sang noir. Chasse, forêt et mythe de l'homme sauvage en Europe de l'ethnologue Bertrand Hell (réédité cette année chez L’œil d'Or). On espère que ce concert en forme de remède prophylactique nous préservera d'éventuelles fureurs noires à venir...

"Au IXe siècle, à l'époque où s'établit le pèlerinage de saint Hubert, l’évêque de Reims, Hincmar, lance un appel véhément : "Il faut rechercher ardemment l'aide des saints qui règnent sur la terre par des miracles ; vers leurs tombeaux les malades viennent et sont guéris, les paysans accourent et cessent d'être la proie du diable, les possédés du démon s'y hâtent et sont délivrés". Cette exhortation sera très largement entendue, et de longues colonnes de pèlerins vont affluer de manière quasi ininterrompue jusqu'à nos jours, vers le sanctuaire des Ardennes. Affluence certes, mais point de recours fortuits. Le culte des saints mis en place durant le Moyen Âge est un système thérapeutique, dans lequel les puissances thaumaturges respectives des saints guérisseurs se complètent. A chaque saint est dévolu un champ spécifique de guérison-délivrance : saint Roch et la peste, saint Antoine et l'érysipèle, saint Acaire et le mal des acariâtres, etc. ; à chaque dévotion, qui comprend des éléments spécifiques tels le rituel ou la légende hagiographique, incombe la fonction de rendre cette spécificité lisible à tous. Voilà pourquoi, en prenant simplement comme exemple le pays ardennais, les possédés souffrant de deux affections psychopathologiques apparemment identiques ne vont pas implorer le même saint. Les hommes livrés au mal de saint Guy (convulsions liées à la chorée) se rendent à Echternach, au Luxembourg, auprès de saint Willibrod, un moine anglais contemporain de saint Hubert. Là, ils trouvent la guérison grâce à un rite célèbre, la procession dansante autour du tombeau (les dévots font trois sauts en avant suivis de deux sauts en arrière). En revanche, les enragés, les frappés du haut mal et tous ceux qu'étreint une fureur noire se placent sous la protection de saint Hubert. Dans le réseau des saints guérisseurs, saint Hubert occupe une place particulière, liée à sa capacité de maîtriser les débordements les plus noirs. Mais, outre la métamorphose animale des possédés, sous quelle autre forme ces forces sauvages associées au sang noir se manifestent-elles au regard de l'Eglise ? Le clerc appelé à la barre du tribunal bordelais au début du XVIIe siècle nous apporte la réponse : "En nostre âge, de récente mémoire, on a vu des apparitions nocturnes de chasseurs criants comme vrais chasseurs et entendu des bruits de cornets, de chiens, de chevaux, de lumières qui ne sont autres que démons" (Procez criminel contre Jean Grenier). Ces chasseurs démoniaques viennent de l'au-delà, et à saint Hubert seul incombe la redoutable tâche d'en dominer le déferlement sur la terre."