dimanche 11 décembre 2011

Toujours plus bas


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En découvrant l'incroyable H2O de Ralph Steiner (1929), on se souvient de Regen de Joris Ivens, réalisé la même année.
En 1929 : le Jeudi noir, le Mardi noir, des émeutes à Madagascar, André-Grenard Matsoua est arrêté, l'Eglise grecque orthodoxe africaine est créée en Ouganda, un tsunami ravage la côte sud de Terre-Neuve, les seigneurs de la guerre Yan Xishan et Feng Yuxiang rompent avec Tchang Kaï-Chek dans la guerre des plaines centrales, Tintin naît, les Koulaks sont expropriés, arrêtés et fusillés, le bouleau avance vers le Nord.
Et pendant ce temps, certains s'émeuvent des ondes et des flots verticaux. Quelques années plus tard, en 1942, Francis Ponge écrit à propos de l'eau dans Le parti pris des choses :
"Plus bas que moi, toujours plus bas que moi se trouve l'eau. C'est toujours les yeux baissés que je la regarde. Comme le sol, comme une partie du sol, comme une modification du sol.
Elle est blanche et brillante, informe et fraîche, passive et obstinée dans son seul vice : la pesanteur ; disposant de moyens exceptionnels pour satisfaire ce vice : contournant, transperçant, érodant, filtrant.
A l'intérieur d'elle-même ce vice aussi joue : elle s'effondre sans cesse, renonce à chaque instant à toute forme, ne tend qu'à s'humilier, se couche à plat ventre sur le sol, quasi cadavre, comme les moines de certains ordres. Toujours plus bas : telle semble être sa devise : le contraire d'exelsior."
La correspondance entre le titre de ce billet, la date de 1929 et l'actualité du moment est bien évidemment fortuite. L'eau est l'élément crucial du déluge.
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