dimanche 25 septembre 2011

Le paradis blanc (6)

.
S'il est commun d'affirmer que nos lectures d'enfance nous construisent, peut-on replonger dans nos premiers livres afin de mieux se "connaître" ? Je me souviens peu de mes premiers émois de lecteur. Plutôt que des titres, je peux me remémorer de sensations, le monde n'existait plus, le livre était comme une matérialisation de mon imagination. Il avait été écrit pour MOI, pas de doute. Parmi les premiers romans lus et relus durant de longues journées d'oisiveté, je peux citer l'Histoire sans fin de Michael Ende, Les animaux dénaturés de Vercors ou La machine à explorer le temps de H.G. Wells. Et il y eut Les enfants de Noé de Jean Joubert. L'empreinte laissée par cette histoire était telle que je n'ai pas pu m'empêcher de le relire récemment. Et j'ai compris un certain nombre de choses... Les évènements décrits ont lieu dans le futur, en 2006. Une famille de citadins est partie vivre dans une ferme à la montagne. Tout va bien, mais un matin, la neige commence à tomber et ne s'arrête plus jusqu'à ce que la maison soit entièrement recouverte. Coincée, la famille doit s'organiser pour survivre : nourriture, chauffage et hygiène mentale. La lecture, encouragée par le père, joue un rôle primordial dans le maintien de l'optimisme. Évidemment, l'histoire se termine bien : après quelques semaines, la neige fond et le retour au monde peut avoir lieu. Il est difficile de trouver autant de thématiques aussi importantes (pour moi en tout cas) regroupées au sein d'un même ouvrage : la fin d'un monde, le retour à la nature, la survie et la discipline de vivre, la famille comme rempart, la montagne comme probable paradis perdu, la lecture comme fin et comme moyen, l'isolement qui libère et rend plus fort. Je garde le livre, il est là, à portée de main. Je sais que quoi qu'il arrive, j'ai ce talisman, je suis prêt, je n'ai peur de rien.
.

Aucun commentaire: