mercredi 31 août 2011

Une messe pour un insecte

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Avec quelques frissons, on écoute la splendide Bee Symphony de Chris Watson et Marcus Davidson parue sur leur album commun Cross-Pollination (Touch, 2011). Cette œuvre se donnait pour but d'explorer les harmonies vocales entre humains et abeilles à l'aide d'enregistrements des secondes et d'une composition chantée par les premiers (écrite en transcrivant le "chant" des abeilles). Le résultat, passionnant, donne à entendre un vrombissement presque continu, animé par les vibrations des abeilles et les envolées des voix humaines. On a plus l'impression d'entendre un rituel d'un autre âge qu'un travail expérimental contemporain. Quand on s'intéresse à la problématique actuelle de la raréfaction des abeilles et à ses tragiques conséquences, cette composition prend des résonances particulières. Une Messe pour un insecte...
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mardi 30 août 2011

Nul n'est une île


L'Île au Trésor de Stevenson.
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L'Utopia de Thomas More.
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Île des Abeilles diligentes.
Aiaié ou Île de Circé.
Île des Pingouins.
Alcina.
Aléofane.
Île des Alliances ou Ennasin.
Ambre gris.
Amiocap.
Amorphe.
Île d'Amour ou Figléfia.
Île des Ânes d'or.
République des Animaux.
Antangil.
Île des Apedeftes.
Arbres mouvants.
Astowell.
Babilary.
Bachepousse.
Baleuta.
Balnibarbi.
Île de Baranka.
Barataria.
Bennet.
Bensalem.
Île des Bienheureux.
Bingfield.
Blefuscu.
Île des Bosses.
Bout-du-Monde.
Bran.
Brigalaure.
Îles Merveilleuses.
Broolyi ou Île de la Paix.
Île des Bûcheurs.
Bustrol.
Cabbalussa.
Caffolos.
Calonack.
Camphrée.
Cancan.
Cantahar.
Caseosa ou Île du Lait.
Caspak.
Chaneph ou Île de Chien.
Charybde et Scylla.
Chita.
Civilisation.
Coimheadach.
Comme-Avant.
Île du Comte Zaroff ou Île de Baranka.
Îles des Cyclopes.
Cyril.
Demain.
Dionysos.
Diranda.
Île du Docteur Moreau ou Île de Noble.
Dominora.
Ebuda.
Emo.
Empi.
Entéléchie.
Eolie.
Estotilanda.
Eugée.
Fanattia.
Farouche.
Fay.
Félicité.
Ferremens.
Flottantes.
Flozella-A-Nina.
Fonseca.
Foollyk ou Île des Poètes.
Formosa.
Fortunées.
Fragrante.
Frivole.
Géomètres.
Giphantie.
Gloutons.
Glubbdubdrib.
Gondal et Gaaldine.
Grand-Mère ou Île des Dames.
Groenkaaf.
Guichet.
Ham Rock.
Hantée.
Hasard.
Helikonda.
Her.
Île des Hermaphrodites.
Hooloomooloo.
Houyhnhnms.
Huit Délices et du Vin de Bacchus.
Hyperboréa.
Pays Imaginaire.
Indienne.
Insulae Incognitae ou Îles du Soleil.
Juam.
Kargad.
Kloriole.
Kouphonisi.
Kradak.
Laïquhire.
Lamary.
Lamiam.
Laputa.
Le Douar.
Letalispons.
Leuke.
Lilliput.
Limanora.
Lincoln.
Lixus.
Locuta.
Loonarie.
Lorbanery ou Île de la Soie.
Luggnagg.
Luquebaralideaux.
Macraeons.
Mag-Mell.
Maïna.
Mangeurs-de-Lotus.
Mango.
Marbotikin Dulda ou Île de Fer
Île aux Masques.
Madamothi ou Île de Nulle Part.
Mégapatagonie.
Meillcourt.
Mélita.
Meskeeta.
Mihrage.
Île de Monsieur Watkins.
Mont Analogue.
Îles des Musiciens et Comédiens.
Naudely.
Île du Néant.
Népenthe.
Neuf Tourbillons.
Nimpatan.
Noix.
No-Man's-Land.
Nora-Bamma.
Nouvelle-Bretagne.
Numenor.
Oceana.
Odes.
Ogygie.
Ohonoo.
Oiseaux.
Oiseaux de Fer.
Oo-Oh.
Île des Orateurs.
Oreilles.
Orofena.
Île des Orphelins.
Osskil.
Ours.
Pa-Anch.
Païens.
Pala.
Pandoclia.
Papimanes.
Parthalia.
Patagons.
Pendor.
Île des Perroquets.
Philos.
Île des Philosophes.
Pimminée.
Plumes.
Poésie.
Polyglota.
Prospero ou Caliban.
Protocosme.
Ptyx.
Pyrallis.
Pyrandria.
Quais-Verts ou Cap-Ved.
Quarll.
Quiso.
Rampole.
Réalisme.
Île des Rêves.
Île de Robinson Crusoé ou Île du Désespoir.
Roc.
Île des Rochers.
Rodrigue.
Roke.
Rossum.
Ruach.
Sable.
Sable Vert.
Île des Sabots.
Île du Sacrifice conjugal.
Sagesse.
Saint-Brendan.
Sa Majesté-des-Mouches.
San Verrado.
Sarragalla.
Îles des Sauts.
Sélidor.
Serrane.
Servage.
Île des Sirènes.
Snark.
Sonnante.
Spectralia.
Spensonia.
Storn.
Surinam.
Swoonarie.
Tacarigua.
Taerg Niattirb.
Tamoe.
Tandar.
Tapinois.
Taprobane.
Terre Libre.
Terremer.
Thanasia.
Thermomètre.
Thulé ou Ultima Thulé.
Tilibet.
Tohu et Bohu.
Tracoda.
Trente Cercueils.
Île au Trésor.
Trois-Cent-Sept.
Tsalal.
Uffa.
Utopie.
Uxal.
Valapée ou Île des Yams.
Vezzano.
Vieillard.
Villings.
Vléha.
Waferdanos.
Waq.
Yluana.
Yoka.
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Toutes les îles citées ici ont été inventées par l'homme, depuis l'Antiquité. Ce n'est pas pour autant qu'on ne peut pas y chercher un refuge. Pour en savoir plus sur chacune d'entre elles (et ça vaut vraiment la peine), plongez dans le Dictionnaire des lieux imaginaires d'Alberto Manguel et Gianni Guadalupi. La prochaine fois, on listera les royaumes souterrains. Là aussi, ça peut être bien pour fuir.
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jeudi 25 août 2011

Ranimer le dieu mort

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Les arbres aussi sont des maîtres fous.
On songeait ce matin à la Festa della pita qui a lieu chaque printemps à Alessandria del Carretto en Calabre. Là, les habitants coupent un sapin dans la montagne, le portent jusqu'au centre du village et l'érigent en mât avant de le brûler. Cette fête d'origine païenne a magnifiquement été filmée en 1959 par Vittorio de Seta dans I Dimenticati (Les Oubliés) et plus récemment par Michelangelo Frammartino dans Le quattro volte (dont on avait parlé ici).
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En lisant Mythologie des arbres de Jacques Brosse (Petite Bibliothèque Payot, 1989, pp. 169-170), je tombe sur un passage concernant les fêtes antiques du pin sacré qui évoquent la Festa della pita, en plus "désinhibé"... Les fêtes en question durent plusieurs jours, je n'en retranscris ici que la première partie. Je rêverai d'entendre la musique évoquée...
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"Les fêtes du pin sacré.
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Elles commençaient par "l'entrée du roseau". En cette première journée, la confrérie des cannophores (porteurs de roseau) plaçait dans le temple des roseaux coupés, représentant ceux parmi lesquels Cybèle avait découvert le petit Attis, au bord du fleuve Sangarios. Une semaine plus tard, les "porteurs de l'arbre" (dendrophores) amenaient de la forêt où ils étaient allés le couper le pin sacré dont le tronc était emmailloté dans des bandelettes, tel un cadavre, celui du dieu mort, figuré sous la forme de son effigie, posée sur l'écorce et décorée de guirlandes de violettes, nées du sang du dieu, comme les anémones du sang d'Adonis.
Le 23 mars, résonnaient les trompettes que l'on venait de purifier ; elles annonçaient probablement le "Jour du sang". Le 24 mars, le grand prêtre d'Attis, l'archigalle, s'entaillait le bras et présentait son sang en offrande au pin sacré, tandis que résonnaient cymbales et tambourins, que mugissaient les cors accompagnés de flûtes stridentes. C'était le signal auquel obéissaient les autres prêtres qui se précipitaient, échevelés, dans une danse sauvage. Ils se flagellaient jusqu'au sang, se lacéraient avec des couteaux. La frénésie gagnait alors certains néophytes qui, parvenus au comble de l'excitation, s'amputaient de leur organe viril et le lançaient sur la statue de Cybèle en oblation. Ces réceptacles de fécondité étaient alors respectueusement enveloppés, puis enterrés dans le sol ou dans des chambres souterraines consacrées à la déesse. Ce sang répandu, ces énergies retranchées du corps des hommes ranimaient le dieu mort et avec lui toute la nature qui bougonnait dans le soleil printanier."
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dimanche 14 août 2011

Le voyageur aveugle

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Le moins qu'on puisse dire, c'est que Michel Le Bris n'a jusqu'à présent pas perdu son temps. Promoteur du free jazz en France dès les années 1960, emprisonné en 1971 suite à ses activités au sein de la Cause du peuple, auteur d'essais sur le Romantisme, grand spécialiste de Robert Louis Stevenson, éditeur et passeur du récit de voyages et d'aventures (chez Payot, chez Phébus...), fondateur du festival Étonnants voyageurs... L'année passée, après quelques hésitations (je n'avais pas une vision très enthousiaste de la collection), j'ai enfin fait l'acquisition du Dictionnaire amoureux des explorateurs. Et je dois avouer que je l'ai dévoré du premier au dernier article. Dans cette véritable malle aux trésors, on découvre non seulement des explorateurs fous, grandioses et parfois loufoques (inutile d'en citer l'un plutôt que l'autre, l'ouvrage fait 1000 pages), mais aussi des articles sur les coureurs des bois, sur la découverte de l'Amazonie, sur le royaume du Prêtre Jean...
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Parmi d'autres vies dont Le Bris brosse admirablement le portrait, on peut citer le "cas" de Jacques Arago (1790-1855), écrivain, dessinateur et voyageur aveugle. De son voyage sur l'Uranie entre 1817 et 1820 (Toulon, Gibraltar, Rio de Janeiro, Le Cap, Île Maurice, Australie, Timor, Moluques, Hawaï, Samoa, Cap Horn et naufrage aux Malouines), il tire le récit de son Voyage autour du monde (réédité chez Nabu Press en 3 vols. en 2010). Fondateur de revues, écrivain de pièces de théâtre, il prend à nouveau le large pour la Californie en compagnie des Argonautes, une société associant l'idéal socialiste à la recherche de l'or. Il quitte l'expédition, vit quelque temps à Tahiti, revient en France, se perd dans un nouveau projet visant à participer à la ruée vers l'or et est enfin exilé au Brésil par Napoléon III. Aveugle depuis le début des années 1830, il achève au Brésil une vie bien remplie après avoir édité en 1853 un défi littéraire intitulé le Curieux voyage autour du monde (qu'on peut lire ici), texte entièrement dépourvu de la lettre a, plus d'un siècle avant le lipogramme La disparition de Georges Perec (1969).
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Ci-dessus, on peut voir de bas en haut le portrait de Jacques Arago par Alexandre Sixdeniers (National Library of Australia), deux dessins d'Arago à Hawaï (Honolulu, Academy of Arts, le premier du roi Kamehameha II et le second d'une séance de tatouage) et enfin une lithographie d'après Arago représentant la vue du morai du Roi à Kayakakoua (National Library of Australia).
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jeudi 11 août 2011

La gueule dans le sable

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Lors de mes dernières vacances en Baie de Somme, je suis passé sur une brocante où comme souvent mon attention a vite été détournée des étalages de vieux bibelots pour se reporter sur les échoppes de saucissons. A un moment pourtant, j'ai été irrésistiblement attiré par un carnet qui traînait à côté d'une pile de disques de variété française. Parmi les divers textes étranges qu'il comporte, je vous en retranscris un ci-dessous. Aucune signature ou autre indication ne permet d'avoir plus d'informations sur l'origine de ces feuillets.
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« La gueule dans le sable

Je pédale et mes roues s’enfoncent dans le sable. J’essaie de suivre mon père, mais il est projeté en avant par l’excitation de la promenade et la compagnie de ses amis que je ne connais pas. Tout à coup, leurs vélos disparaissent : je ne sais pas s’ils ont déjà été engloutis où s’ils continuent à filer loin devant. Moi, je n’ose plus lever les yeux qui me révèleront une fois de plus ces étendues trop nues, trop lumineuses. Par endroits, des flaques d’eaux frémissantes rappellent la marée haute d’une mer que je sens se rapprocher peu à peu. Les dunes à ma droite grandissent en même temps que mon désarroi. Je panique et tombe. Le sable que j’avale contribue à mon réveil. D’abord, je ne bouge pas, puis en entendant le bruit d’une sonnette, je me lève. Quelqu’un a fait demi-tour et je finis par rejoindre le groupe. Je suis sauvé.

Le soir, dans un fauteuil de l’hôtel, je m’endors tout en jouant à faire passer mes mains entre les coussins qui me portent. Miettes de pain, longs cheveux, je ne suis pas dégoûté, j’ai huit ans. J’attrape alors une feuille portant un texte que je m’empresse de lire :

« Cette fameuse réserve, une fois abandonnée, n’était plus habitée que par les nuages. L’immensité des dunes criait une nudité sauvage, sans morale. Plus d’oiseaux. Plus de buissons ondulant mollement sous le vent. Jamais d’hommes. Un jour, une femme que je ne vis jamais que de dos parvint dans cette contrée de sable. Arrivée dans un cercle d’immenses cages seulement décorées de perchoirs désertés, elle s’assit, attendit et s’ennuya. Rayons de lune, murmure océan, le temps passa et bientôt la femme tomba la face contre terre.

Comment achever ce récit ? Nos prières n’ont servi à rien. »

Je ne comprends pas le sens de cette histoire et pourtant, je pressens qu’elle est proche de ma mésaventure de l’après-midi. Je vais gratter à la table des adultes, mais la torsion de leurs cous et l’agitation de leurs bras m’empêchent de capter leur attention. Tant pis, je retourne à mon fauteuil. J’ai encore quelques grains de sable à enlever d’entre mes dents. Soudain, je suis aveuglé, puis plus rien.

Là d’où je vous écris, je peux vous dire que leurs prières n’ont servi à rien. »

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mercredi 10 août 2011

De l'égarement à travers les livres

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De l'égarement à travers les livres (Le Castor Astral, 2011) est un ouvrage, entre roman et essai délirant, qui suscite l'envie de remonter les nombreuses pistes proposées par son auteur Eric Poindron. Ce dernier (dont on suit le blog Le cabinet de curiosités avec beaucoup d'intérêt) nous présente un homme atteint de bibliopathonomadie (le syndrome de l'égarement à travers les livres) et contacté par un personnage étrange qui va l'initier et l'intégrer au Cénacle troglodyte. Le but étant qu'il devienne rien de moins que détective littéraire. Bibliophilie de combat et recherches occultes occuperont dès lors le narrateur bibliopathonomade. Si la trame de cette histoire relève de la fiction (bien que...), les personnages et affaires tracés par l'enquêteur sont quant à eux bien réels (bien que...). On rencontre au fur et à mesure de l'ouvrage des figures connues (Lewis Carroll, Lovecraft...), mais aussi des écrivains plus obscurs dont l'histoire est fascinante à approfondir.
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Ainsi de Jacques Auguste Simon Collin de Plancy (1793-1887), écrivain d'abord influencé par Voltaire avant de retourner au catholicisme et auteur d'un Dictionnaire infernal ou bibliothèque universelle, sur les êtres, les personnages, les livres, les faits et les choses, qui tiennent aux apparitions, à la magie, au commerce avec l’enfer, aux divinations, aux sciences secrètes, aux grimoires, aux prodiges, aux erreurs et aux préjugés, aux traditions et aux contes populaires, aux superstitions diverses, et généralement à toutes les croyances merveilleuses, surprenantes, mystérieuses et surnaturelles, publié une première fois en 1818.
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Ainsi de Jacques Cazotte (1719-1792) qui aurait annoncé la Révolution de 1789 par ses talents divinatoires. Il a aussi, grâce au Diable amoureux (disponible en Folio, chez Gallimard), proposé un des textes fondateurs du fantastique français. Associé au mouvement illuministe (il intègre l'ordre des martinistes en 1781), hostile à la philosophie des Lumières et à la Révolution, il est décapité en 1792 après avoir écrit des textes mystiques et ésotériques.
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Ainsi de bien d'autres "cas" littéraires que l'auteur se fait le plaisir de nous présenter. A nous maintenant de nous égarer dans les livres...
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Ci-dessus, on voit de bas en haut, une photographie de Collin de Plancy, une planche de son Dictionnaire infernal (réédité récemment chez Fetjaine) où il s'entretient avec le Diable, un portrait de Jacques Cazotte par Jean-Baptiste Perronneau (National Gallery, Londres) et enfin, des illustrations destinées à accompagner Le diable amoureux par l'illustrateur Wilhelm M. Busch.
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dimanche 7 août 2011

Sur un morceau de poterie, des gouttes de sang

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Le dimanche, on part en voyage avec d'illustres compagnons : Gustave Flaubert et Maxime Du Camp. Lors de leur expédition en Orient en 1849-1851, les deux hommes captent la vie de pays qui sentent encore l'Ailleurs. Ils passent par Malte, l'Egypte, le Liban, la Syrie, la Palestine, Chypre, la Turquie, la Grèce et l'Italie. Une promenade de deux ans ! Maxime Du Camp est accrédité par le ministère de l'Instruction publique afin de documenter les sites archéologiques visités. C'est ainsi qu'il réalise le plus important reportage photographique de son époque. En guise d'exemple, on trouvera ci-dessus quelques-uns des calotypes pris en Egypte. De son côté, Flaubert tient un journal détaillé de ses pérégrinations. Ces notes ont été éditées et comprennent nombre de pépites. Deux extraits ci-dessous :
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Alors qu'il achève sa visite du site d'Abou Simbel :
"Réflexion : les temples égyptiens m'embêtent profondément. - Est-ce que ça va devenir comme les églises en Bretagne, comme les cascades dans les Pyrénées ? Oh ! la nécessité ! Faire ce qu'il faut faire ; être toujours, selon les circonstances (et quoique la répugnance du moment vous en détourne), comme un jeune homme, comme un voyageur, comme un artiste, comme un fils, comme un citoyen, etc. doit être !"
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Et ici, à proximité du Caire (et en guise de clin d'œil à Jean Rolin) :
"Des chiens blanchâtres, à tournure de loup, à oreilles pointues, hantent ces puants parages ; ils font des trous dans le sable, nids où ils couchent - carcasses de chameaux, de chevaux et d'ânes ; il y en a qui ont le museau violet de sang caillé, recuit au soleil. Des mères pleines se promènent avec leurs gros ventres ; suivant leur caractère individuel, ils aboient aigrement ou se dérangent pour nous laisser passer. Un chien d'une autre tribu est fort mal accueilli lorsqu'il vient dans une tribu étrangère. Des huppes tigrées et au long bec picorent les vermisseaux entre les côtes de charognes - les côtes du chameau, plates et fortes, ressemblent à des branches de palmier dégarnies de feuilles et courbées. Une caravane de quatorze chameaux passe le long des arcs de l'aqueduc pendant que je suis à guetter des vautours - le grand soleil fait puer les charognes, les chiens roupillent en digérant, ou déchiquettent tranquillement.
Après la chasse aux aigles et aux milans nous avons tiré sur les chiens ; une balle qui tombait près d'eux sur le sable les faisait s'en aller lentement sans courir - nous étions sur un mamelon, eux sur un autre ; tout le vallon compris entre eux et nous était dans l'ombre. Un chien blanc posé au soleil, oreilles droites. Celui que Maxime a blessé à l'épaule s'est tourné en demi-lune, a roulé avec des convulsions par terre, puis s'est en allé... mourir dans son trou, sans doute. A la place où il avait été atteint, nous avons vu une flaque de sang, et une traînée de gouttelettes s'en allait dans la direction de l'abattoir. C'est un enclos, de médiocre grandeur, à trois cents pas de là ; mais il y a cent fois plus de charognes en dehors qu'en dedans, où il n'y a guère que des tripailles et un lac d'immondices. C'est au-delà, entre le mur et la colline qui est derrière, que se voient d'ordinaire le plus de cercles tournoyants d'oiseaux - tout le terrain de ce quartier n'est que monticules de cendre et poteries cassées - sur un morceau de poterie, des gouttes de sang."
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Ces deux extraits sont issus de l'édition Folio-Gallimard, p. 158 et pp. 111-112.
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Pour les photos, de haut en bas : Nubie Ibsamboul. Colosse médial, Palais de Karnak. Cour des Buhastites et entrée principale de la salle hypostyle, Nécropole de Thèbes, Grand Temple de Dendérah, Louqsor. Tous ces calotypes sont conservés et ont été numérisés par la BNF.
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samedi 6 août 2011

Il n'y a plus rien

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Les intermittences de l'inspiration imposent aux lieux bien des épreuves. Là par exemple, sur un quai de Saint-Valery-sur-Somme, un écrivain s'enthousiasme pour la grandeur qui s'offre à lui. Échassiers, bancs de sable, iode et toute la grandeur hautaine du large. Un siècle plus tard et du même bâtiment sortent des pizzas à peine médiocres qui n'ont de sauce tomate et de fromage que le nom. Qui sait si, dans le passé, à l'endroit même où j'écris, n'ont pas déjà eu lieu mille combats, mille enthousiasmes, mille dégouts ? Et je ne sens rien. Tournez la tête à gauche, quelqu'un vous regarde.
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vendredi 5 août 2011

Avant-dernières pensées (5)

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On achève le cas Satie avec un extrait de ses Mémoires d'un Amnésique (15 avril 1912), également repris dans le volume Fumisteries paru récemment chez Omnibus :
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"Tout le monde vous dira que je ne suis pas musicien. C'est juste.
Dès le début de ma carrière, je me suis, de suite, classé parmi les phonométrographes. Mes travaux sont de la pure phonométrique. Que l'on prenne le "Fils des Etoiles" ou les "Morceaux en forme de poire", "En habit de cheval" ou les "Sarabandes", on perçoit qu'aucune idée musicale n'a présidé à la création de ces œuvres. C'est la pensée scientifique qui domine.
Du reste, j'ai plus de plaisir à mesurer un son que je n'en ai à l'entendre. Le phonomètre à la main, je travaille joyeusement et sûrement.
Que n'ai-je pesé et mesuré ? Tout de Beethoven, tout de Verdi, etc. C'est très curieux.
La première fois que je me servis d'un phonoscope, j'examinai un si bémol de moyenne grosseur. Je n'ai, je vous assure, jamais vu chose plus répugnante. J'appelai mon domestique pour le lui faire voir.
Au phono-peseur un fa dièse ordinaire, très commun, atteignit 93 kilogrammes. Il émanait d'un fort gros ténor dont je pris le poids.
Connaissez-vous le nettoyage des sons ? C'est assez sale. Le filage est plus propre ; savoir les classer est très minutieux et demande une bonne vue. Ici nous sommes dans la phonotechnique.
Quand aux explosions sonores, souvent si désagréables, le coton, fixé dans les oreilles, les atténue, pour soi, convenablement. Ici, nous sommes dans la pyrophonie.
Pour écrire mes "Pièces froides", je me suis servi d'un caléidophone-enregistreur. Cela pris sept minutes. J'appelai mon domestique pour les lui faire entendre.
Je crois pouvoir dire que la phonologie est supérieure à la musique. C'est plus varié. Le rendement pécuniaire est plus grand. Je lui dois ma fortune.
En tout cas, au motodynamophpone, un phonométreur médiocrement exercé peut, facilement, noter plus de sons que ne le fera le plus habile musicien, dans le même temps, avec le même effort. C'est à grâce à cela que j'ai tant écrit.
L'avenir est donc à la philophonie."
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jeudi 4 août 2011

Avant-dernières pensées (4)

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Aujourd'hui, un extrait du mythique Silence de John Cage, grand admirateur de champignons et d'Erik Satie :
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"Il y a quelques jours il a plu. Je devrais être à la cueillette des champignons. Mais me voici obligé d'écrire sur Satie. J'ai dit inconsidérément que je le ferais. Et je suis maintenant empoisonné par une date à respecter. Pourquoi, au nom du ciel, est-ce que les gens ne lisent pas les livres qui existent sur lui, ne jouent pas la musique publiée ? Je pourrais alors, moi, retourner dans les bois et y mettre mon temps à profit. (...)
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Un artiste avance consciencieusement dans une direction que pour quelque bonne raison il prend, en mettant une œuvre devant l'autre dans l'espoir d'arriver avant que la vie le rattrape. Mais Satie méprisait l'Art ("J'emmerde l'Art"). Il n'allait nulle part. L'artiste compte : 7, 8, 9, etc. Satie apparaît en des points imprévisibles surgissant toujours de zéro : 112, 2, 49, pas d'etc. L'absence de transition est caractéristique, non seulement entre les œuvres finies, mais aux coupures, petites et grandes, à l'intérieur d'une seule œuvre. C'est de la même manière que Satie gagnait sa vie : il n'a jamais pris d'emploi régulier (dispensateur de continuité), plus augmentations et primes (points culminants). Personne ne saurait dire quoi que ce soit avec certitude du Quatuor à Cordes qu'il était sur le point d'écrire quand il est mort. (...)
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N'est-ce pas une question de la volonté, celle-ci, veux-je dire, de prêter attention aux bruits des couteaux et des fourchettes, aux bruits de la rue, de les laisser entrer ? (Ou bien appelez ça bande magnétique, musique concrète, musique d'ameublement. C'est la même chose : travailler par rapport à la totalité, et point seulement les conventions choisies discrètement).
Pourquoi est-il nécessaire de prêter attention aux bruits des couteaux et des fourchettes ? Satie le dit. Il a raison. Autrement la musique devra avoir des murs pour se défendre, murs qui non seulement auront constamment besoin de réparations, mais que, ne fut-ce que pour aller chercher de l'eau à boire, il faudra franchir, invitant le désastre. Il s'agit évidemment de placer les choses qu'on s'était proposé de faire en rapport avec les choses alentour qu'on ne s'était pas proposées. Le commun dénominateur est zéro, où le cœur bat (personne ne fait circuler son sang exprès). (...)
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Pour s'intéresser à Satie il faut commencer par être désintéressé, accepter qu'un son soit un son et qu'un homme soit homme, renoncer aux illusions qu'on a sur les idées d'ordre, les expressions de sentiment et tout le reste des boniments esthétiques dont nous avons hérité. (...)
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Il ne s'agit pas de savoir si Satie est valable. Il est indispensable."
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John Cage, Silence, Denoël, (1970) 2004, pp. 37-44.
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mercredi 3 août 2011

Avant-dernières pensées (3)

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On continue notre petite semaine Satie avec l'étrange Vexations et un texte que j'ai écrit pour agrémenter Archipel, une collection de la Médiathèque de la Communauté française.
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« Pour se jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses. »
Erik Satie, Partition de Vexations, 1893.

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Avec Claude Debussy, Erik Satie (1866-1925) est un compositeur pré-expérimental majeur. Par ses recherches musicales à contre-courant des tendances dominantes (ses Gymnopédies et Gnosiennes voient le jour en plein déclin du romantisme) et par ses attitudes, il a fasciné et influencé des personnalités majeures de la musique du XXe siècle, John Cage en tête.

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Erik Satie compose très jeune ses œuvres les plus connues, les Gymnopédies (1888) et les Gnosiennes (1889-1891). Il vit alors à Montmartre et fréquente les hauts lieux de la bohème parisienne comme le Chat noir et l’Auberge du Clou. Ces courtes pièces pour piano frisent l’atonalité par moments, usent de la répétition et donnent une impression de morne mélancolie. Leur simplicité naïve dénote avec la production contemporaine, encore empreinte des visions totales et complexes de Wagner.

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Il est difficile de préciser l’implication réelle du musicien dans la secte de la Rose-Croix, fondée par Joseph Péladan en 1890. Quoi qu’il en soit, Esoterik Satie, comme le surnomme son ami Alphonse Allais, écrit en 1891 et 1892 trois partitions destinées à accompagner des pièces de Péladan : Le Fils des Étoiles, Les Sonneries de la Rose-Croix et l’Hymne au drapeau. Il se détache rapidement du mystique avant de sombrer à la fin des années 1890 dans la pauvreté et la solitude. Ce n’est qu’en entrant à la Schola Cantorum où il entreprend des études austères et complexes qu’il s’en sort peu à peu et obtient un diplôme de contrepoint à l’âge de 42 ans.

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En 1911, il entame une intense production d’œuvres pour piano qui culmine avec la création des Sports et divertissements (1914) qui confirme son attrait pour une esthétique du fragment. L’œuvre est composée d’une vingtaine de courts morceaux qui correspondent à autant de scènes d’extérieur : feu d’artifice, chasse, etc. Leur intérêt réside notamment dans les volontés plastique et poétique qui guident le compositeur lorsqu’il écrit ses partitions. Notes calligraphiées, dessins et inscriptions fantaisistes accompagnent les portées qui deviennent ainsi de véritables « partitions pour l’œil » dont certains ont expliqué l’existence par une prétendue absence de substance musicale dans les œuvres de l’artiste.

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Si Satie a souffert de la solitude tout au long de sa vie (il a habité durant 27 ans à Arcueil, dans la banlieue parisienne, dans une chambre miteuse qui ne sera visitée par autrui qu’après sa mort), il n’en aura pas moins développé des amitiés décisives, notamment avec Jean Cocteau. C’est ce dernier qui écrit le livret du ballet Parade (1917), commandé par Serge de Diaghilev, le fondateur des Ballets russes, qui a travaillé quelques années plus tôt avec Igor Stravinsky pour son Sacre du printemps. À l’arrivée de Tristan Tzara à Paris en 1920, Satie, qui approche de la soixantaine et n’a jamais pu se résoudre à s’installer dans la compromission, prend parti pour Dada. À la fin de sa vie, il collabore d’ailleurs avec Francis Picabia pour le ballet « instantanéiste » Relâche (1924).

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En 1893, Erik Satie, par blague et provocation ou pour une raison secrète, écrit Vexations, une de ses partitions les plus étranges qui reste un des actes les plus significatifs en matière de préfigure des musiques expérimentales. La pièce, très courte, consiste en 52 temps qui doivent être exécutés doucement et lentement 840 fois de suite. Rien n’indique qu’elle ait originellement été jouée selon ce principe, si cela était réellement l’intention de Satie.

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Son caractère anecdotique et a priori farfelu vaut à Vexations d’être peu à peu oublié jusqu’en 1949 où il est redécouvert par un fervent admirateur, John Cage. Ce dernier a exprimé à de nombreuses reprises son intérêt pour l’œuvre de Satie, notamment dès 1948 en lui consacrant un festival. Cet engouement est lié aux concepts développés par le compositeur français, notamment celui de « musique d’ameublement », c’est-à-dire d’une musique qui serait conçue pour ne pas attirer l’attention, qui entourerait l’auditeur plutôt que de s’insinuer en lui. Ainsi, en 1920, durant les entractes de Ruffian, une pièce de Max Jacob, il expose une création qui, d’après son texte de présentation, devait « contribuer à la vie au même titre qu’une conversation particulière, qu’un tableau de la galerie ou que le siège sur lequel on est, ou non, assis. » La postérité d’une telle idée est extraordinaire durant un siècle où les développements esthétiques les plus novateurs auront sans cesse repoussé les limites des frontières entre l’art et la vie.

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John Cage s’intéresse également à Satie car celui-ci est un des premiers en Occident à avoir introduit la notion de durée dans la manière de composer, s’écartant ainsi de la focalisation habituelle sur l’harmonie. Cette curiosité est marquée entre autres par l’usage de structures symétriques et répétitives, par la construction de phrases « fondées sur des intervalles de temps » (pour emprunter les mots de Cage dans le texte qu’il consacre à Satie dans son recueil mythique Silence) et par l’emploi d’harmonies relativement pauvres. L’univers sonore minimaliste qui en résulte s’émancipe ainsi du symbolisme musical qui prévaut à l’époque.

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En 1963, John Cage est le premier à organiser une interprétation intégrale de Vexations au Pocket Theatre à New York. Pour cette performance de dix-huit heures quarante, John Cage est relayé par la crème de l’avant-garde de l’époque : John Cale, Christian Wolff, David Tudor, Philip Corner, Robert Wood, etc. Nul doute que les idées de Satie et Cage se sont efficacement propagées lors d’une telle occasion. Pour l’anecdote, l’entrée coûtait cinq dollars et tout spectateur assistant à une tranche de vingt minutes se voyait remboursé de cinq cents. Celui qui restait jusqu’à la fin recevait un peu plus que la valeur de son ticket.

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La performance et l’écoute de telles œuvres dans leur intégralité relèvent quasiment du sacerdoce et confine à la recherche mystique tant le rapport au temps qui s’instaure par le biais de la répétition continue de la même phrase musicale peut se révéler perturbant. Une telle réitération d’un seul motif évoque, outre les expériences minimalistes des années 1960, certaines musiques extrême-orientales où la transe est un état préexistant nécessaire à la contemplation. Des versions « raccourcies » sur disque, comme ce récent 42 Vexations interprété par Stephane Ginsburgh (Sub Rosa, 2009), donnent une idée de la manière dont l’auditeur peut sombrer petit à petit dans l’hypnose et l’engourdissement. Quelle que soit la réaction de l’auditeur à l’écoute d’une telle audace, il ne peut qu’être impressionné par la prescience d’un compositeur unique et difficile à catégoriser, entre impressionnisme, surréalisme, minimalisme et poésie avant-gardiste.


lundi 1 août 2011

Avant-dernières pensées (2)

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On continue la série de textes entamée hier avec un portrait d'Erik Satie par le grand écrivain suisse Charles-Albert Cingria (auteur dont on devrait reparler ici bientôt).
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"Un gramophone de dix-neuf mille francs qui a des sonorités de cathédrale gothique américaine est prêt à partir. La semaine passée, il y avait peu de disques : moins que peu : il n'y en avait qu'un et, à toujours le retourner, nous en étions vite fatigués. Aujourd'hui, nous sommes déjà en présence d'une imposante bibliothèque.
Pour commencer nous revenons néanmoins à celui de la semaine passée, à vrai dire tout à fait charmant - pourquoi lui faire un crime de notre lassitude, oubliée du reste - et nous passons à du substantiel : trois disques de Satie d'une ampleur incommensurable, quoique secs, maritimes, iodés, et avec un fugato furtif et une science qui, de peur de s'étaler, ne produit que des échantillons. Quelquefois même, c'est trop sec, et l'on serait déçu si de salubres éclats de trompette d'aurige ne se bousculaient à ce moment, de concert avec des troncs d'arbres à anche ultragrave, pour imiter un lion de catacombes qui était dès le début, bien qu'on ne l'entendit pas ou à peine, le fin mot de la chose.
Ce n'est donc pas vrai que Satie est mort puisqu'il est là avec nous dans ses grands courants d'air de rampe et les coups dans les planches ! Satie ! Satie ! Ah, que de regrets ! Mais la joie de le sentir debout dans cet appareil, comme quand il sortait du restaurant suédois et qu'il s'inquiétait un peu des heures du retour, car il habitait très loin, près d'un grand aqueduc noir et d'orphelinats divisés par des ruelles où des religieuses passaient, traversaient, ouvraient des portes pauvres avec un grand bruit de clefs luisantes. Une de ces portes était toute convulsée. - "Ouvrez, ouvrez". - C'était une voix d'enfant. - "Ouvrez, il m'étrangle". - "Qu'est-ce que vous faites ?" - "Il m'étrangle". - "Avec quoi ?" - "Avec ses doigts". On ne voyait que des petits aux mollets gris, en tabliers de toile noire verdie. Certains de ces petits étaient beaucoup plus forts que d'autres, assaillaient les religieuses qui roulaient comme des hirondelles extasiées par le froid le long des portiques.
Satie était bien plus haut qu'on ne croit. Il vécut malheureusement dans une époque étouffée par des peintres et des gamins littérateurs où il n'y avait pas la moindre place pour la musique ; et alors il a dû faire comme tant d'autres : il a laissé des papillons s'installer et mourir dans son piano et s'est mis à faire de l'esprit. Il en avait. Ça ne lui a pas été difficile. Je ne connais rien de plus délectable que ses articles dans Philosophie ou d'autres revues de jeunes. Il fut toujours jeune et avec les jeunes et, dans cet appareil, plus que jamais requinqué et debout, il l'est encore. Avant de mourir, c'est-à-dire de ne pas mourir, il dit : "Je veux bien me confesser, mais je veux que ce ne soit qu'à un prêtre communiste". On trouva ce prêtre et, quelque temps après, on le vit au restaurant suédois. Ensuite on ne le revit plus."
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Extrait de Promenades dans Paris dans Aujourd'hui du 12 décembre 1929 (dans Cingria, C.-A., Portraits, L'âge d'homme, 1994, pp. 73-74).
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