mercredi 24 mars 2010

Les Témoins

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Actuellement (du 18 au 30 mars) a lieu au Centre Pompidou le festival international du Cinéma du Réel. Cette vitrine renommée du cinéma documentaire comprend une compétition, des hommages, des ateliers, mais aussi diverses installations. Parmi celles-ci, une m'intéresse particulièrement car j'ai eu la chance de contribuer à sa réalisation. "Les Témoins" est une initiative de la Médiathèque de la Communauté française, coordonnée par Yves Poliart, et peut être définie comme une "sonothèque du réel".
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Dans le foyer du festival (voir ci-dessus), l'installation comprend un texte décrivant le concept de ces sons et musiques en prise avec la "réalité" (field recording, musique concrète, pièces radiophoniques, sound art...). Sur un des trois écrans, le curieux choisit un disque qu'il peut écouter tout en lisant sa présentation. Les textes sont de deux types : soit ils concernent uniquement le disque sélectionné, soit ils tentent de portraiturer un artiste à la carrière particulièrement marquante. Sont ainsi présentées des œuvres de Lionel Marchetti, Henri Pousseur, Eric La Casa, Dominique Petitgand, Georges Perec... J'ai pour ma part rédigé un portrait de Luc Ferrari et des textes sur Annea Lockwood et le duo Andreas Ammer/FM Einheit.
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Ces "Témoins" constituent un avant-goût d'une nouvelle collection de la Médiathèque, en cours de réalisation et dont on parlera ici plus tard... Toujours au sujet des "Témoins", je reproduis encore ici un texte de Benoît Deuxant, médiathécaire dont le blog vaut le détour.

"« Les témoins » est une manière d’amener le son dans le domaine documentaire. Il ne s’agit pas seulement de présenter des films sans images, mais plutôt de présenter des œuvres sonores comportant une forte relation au réel. En établissant un parallèle avec l’évolution du cinéma documentaire, on détecte dans le domaine du son une même propension, mais inversée. Ainsi si une tendance actuelle consiste à intégrer aux films des aspects de plus en plus personnels, des points de passage vers la fiction ou, au travers de la présence de l’auteur dans l’œuvre, un point de vue assumé comme subjectif. Du côté de la musique et du son, une des nouvelles orientations est le résultat d’une double articulation qui se rejoint aujourd’hui, et qui la tire, elle, vers plus d’objectivité, vers un rapport plus direct qu’auparavant avec le réel.

La première de ces articulations est issue du monde de la radio, où le documentaire sonore possède déjà son exigence de réalisme et d’objectivité – exemplifié par le reportage d’actualité – mais qui recouvre également l’importante tradition de la création radiophonique. La seconde concerne l’intégration progressive du réel dans le domaine musical, à travers la musique concrète, la poésie sonore, le paysage sonore, et en somme une musicalisation du réel. La frontière est aujourd’hui de plus en plus floue entre fiction et réalité. La musique, considérée autrefois comme un genre abstrait, purement expressif, est ici en voie d’objectivation, et acquiert une dimension de témoignage, ajoutant à la réalité une charge émotionnelle, très différente de l’image, au travers de l’appel qu’elle fait à l’imaginaire du spectateur."

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