jeudi 29 janvier 2009

Pateras, Piano préparé et autres

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Après Clayton Thomas et The Necks, je poursuis mon exploration des musiques improvisées australiennes avec un musicien génial et protéiforme : Anthony Pateras. Son instrument de prédilection est le piano préparé, mais il peut aussi s'exprimer à l'aide de dispositifs électroniques. Son activité de compositeur l'amène enfin à travailler avec de larges ensembles (par exemple les Los Angeles Philharmonic, Australian Chamber Orchestra et Percussion Group The Hague).
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De passage au festival NPAI (Niort, France) l'année passée, j'ai eu la chance d'assister à une performance de l'artiste seul à son piano préparé (boulons, vis, pièces et autres objets sont disposés entre les cordes, voir photo ci-dessus). Le jeu, très percussif et laissant peu de place au silence, suscite un engagement physique total de la part du pianiste et constitue un spectacle fascinant pour l'auditeur. La musique qui en résulte est caractérisée par une grande richesse sonore et par des rythmes complexes dont la succession et le roulement forment un flux organique. Cette facette de son activité est documentée sur le bel album Chasms sorti en 2007 sur le label portugais sirr / ecords. Ici, un exemple de ce que cela peut donner live.
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Durant le même festival, Pateras et son compatriote Robin Fox ont offert un show electro-acoustique décoiffant composés de glitch, déflagrations sonores, manipulations vocales et autres éléments de musique concrète. De l'énergie pure où les sons semblaient former une ronde déjantée autour des spectateurs. End of Daze, le dernier album du duo est sorti sur le label Mego.
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Ses compositions pour grands ensembles sont illustrées par deux albums parus sur le label de John Zorn Tzadik. Dans Chomatophore (2008), Pateras est accompagné par l'Ensemble of the Australian National Academy of Music, l'Ear Massage Percussion Quartet et l'Australian Chamber Orchestra. Plus amples, mais laissant également libre cours au goût de la manipulation de Pateras, ces morceaux exploitent divers registres plus proches de la musique orchestrale du 20e siècle.
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Il joue également du piano préparé en trio avec Sean Baxter (percussion) et David Brown (guitare préparée). Leur album Interference (Emd, 2008) présente des morceaux plus intimistes où les trois instruments sont traités sous un mode rythmique faisant parfois ressembler l'ensemble à un orchestre de chambre de gamelan. Peu d'évènements se passent, mais leur signification et leur enchaînement dans la lenteur créent une atmosphère propre à la contemplation. Anthony Pateras est également impliqué dans la composition de musiques de films. Quoi d'autre encore ?
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mercredi 28 janvier 2009

Art of Field Recording

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Le label Dust-to-Digital vient de sortir un deuxième coffret de musiques collectées par le musicien, peintre et field-recorder Art Rosenbaum. Comme dans le premier volume de cette série nommée Art of Field Recording, on y trouve quatre CDs, des peintures de Rosenbaum, des photos et une mine d'informations sur les musiciens enregistrés. Les quatre disques sont intitulés Accompanied Songs and Ballads, Unaccompanied Songs and Ballads, Sacred et Survey. Cette initiative semblable à celle d'Harry Smith avec son Anthology of American Folk (pour des périodes plus récentes) promet à nouveau de beaux moments de blues et folk lumineux ainsi que de mystique de saloon. Comme l'écrit Burkhard Bilger du New Yorker : "It contained everything from ring shouts and murder ballads to a song about twenty frogs going to school. It was full of throaty voices and clanging banjos and the incidental music of daily life—babies crying, bar glasses clinking, cicadas on a summer night."
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Le site d'Art Rosenbaum et une vidéo de présentation de la série où l'on voit certains des musiciens enregistrés.
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mardi 27 janvier 2009

Berlin 1988

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Un des grands moments de l'histoire du free jazz et de l'improvisation en Europe a lieu en 1988 lors de la résidence du maître Cecil Taylor à Berlin. Durant ce séjour, le pianiste déjà légendaire se produit en concert avec certains des meilleurs improvisateurs européens dans des formations diverses, allant du duo au big band. Quelques noms parmi d'autres : les contrebassistes Peter Kowald et William Parker, les batteurs Louis Moholo, Tony Oxley et Paul Lovens, les saxophonistes Peter Brötzmann, Evan Parker et Louis Sclavis ou encore le guitariste Derek Bailey. Ces rencontres ont été documentées par le label FMP (Free Music Produktion) dans un magnifique coffret de 11 CDs aujourd'hui épuisé.
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Le duo entre Cecil Taylor et le batteur néerlandais Han Bennink offre un des plus remarquables CDs intitulé Spots, Circles and Fantasy. L'unique morceau de plus de 70 minutes qui le compose commence par un solo de batterie de cinq minutes où Bennink, à son aise et à son habitude, investit tout son kit avec une énergie incroyable. Une fois le batteur rejoint par le pianiste, les deux musiciens se lancent dans un véritable périple où conversations, apartés et jeux à l'unisson alternent avec une intensité grandissante. Comme souvent avec la musique de Taylor, le jeu au piano se fait nettement percussif, tandis que des résonances de musique contemporaine s'entrelacent avec des souvenirs de ragtime ou de blues pour former un son unique qui fait du pianiste un des plus grands.
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Il nous arrive parfois d'investir certaines musiques d'une dimension qu'elles n'auraient pas eue dans d'autres conditions. Que les raisons de cet investissement soient justifiées ou non, cette rencontre entre musiques improvisées afro-américaine et européenne dans une ville encore divisée à la veille de la réunification est un document capital et le support d'une musique incandescente et indispensable.
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lundi 26 janvier 2009

Dieu, le fou et la baleine

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Les scènes de pêche, le prêche du père Mapple-Orson Welles, le chant des marins lors du départ pour le grand large, la haine auto-destructrice d'Achab... Qu'est-ce que le film de John Huston (1956) donne envie de se replonger dans le chef d'oeuvre d'Hermann Melville (1851) !
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jeudi 22 janvier 2009

Polyphonies de Pygmées

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Parmi mes enregistrements préférés du fabuleux label Ocora figure sans aucun doute celui des Pygmées Bibayak (Gabon, Chantres de l'épopée). Percussions et le plus souvent polyphonies vocales concourent pour former une musique étrange, mélancolique et extatique. Le yodel qui consiste à alterner voix de tête et de poitrine est une technique où répétition et variation d'un même motif m'évoquent aussi bien les musiques répétitives du 20e siècle (Steve Reich par exemple) que certaines musiques médiévales basées sur des principes proches.
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Une excellente page sur le chant des pygmées ici, une autre sur le label Ocora et, enfin, le site de Radio France où les CDs du label sont en vente.
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mercredi 21 janvier 2009

Souquer et vivre

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"Je n'ai pas besoin de vous dire ce que c'est que de tosser dans une embarcation non pontée. Je me rappelle des nuits et des jours de calme plat, où nous souquions, nous souquions et où le canot semblait immobile comme ensorcelé dans le cercle de l'horizon. Je me rappelle la chaleur, le déluge des grains qui nous obligeaient à écoper sans arrêt pour sauver notre peau (mais qui remplissaient notre baril) et je me rappelle les seize heures d'affilée que nous passâmes, la bouche sèche comme de la cendre, tandis qu'avec un aviron de queue, je tenais mon premier commandement debout à la lame. Je n'avais pas su jusque-là si j'étais vraiment un bon marin. Je me rappelle les visages tirés, les silhouettes accablées de nos deux matelots, et je me rappelle ma jeunesse, ce sentiment qui ne reviendra plus - le sentiment que je pouvais durer éternellement, survivre à la mer, au ciel, à tous les hommes, ce sentiment dont l'attrait décevant nous porte vers des joies, vers des dangers, vers l'amour, vers l'effort illusoire - vers la mort : conviction triomphante de notre force, ardeur de vie brûlant dans une poignée de poussière, flamme au coeur, qui chaque année s'affaiblit, se refroidit, décroît et s'éteint - et s'éteint trop tôt, trop tôt - avant la vie elle-même."
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Joseph CONRAD, Jeunesse (1898), dans Nouvelles complètes, Gallimard, 2003, p. 238.
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mardi 20 janvier 2009

Un moustique venu des étoiles

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La scène de musique improvisée australienne connaît de beaux jours depuis quelques années. J'avais déjà évoqué ici le contrebassiste Clayton Thomas. Avant de parler bientôt du cas Anthony Pateras, je voudrais m'arrêter sur un de mes albums préférés : Mosquito/See through (2004) du trio The Necks. Ce groupe, composé de Chris Abrahams (piano), Tony Buck (batterie) et Lloyd Swanton (contrebasse), existe depuis la fin des années 1980 et est un des plus fameux des musiques de traverses en Australie.
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Chacun des deux morceaux occupe un CD entier. Mosquito, le premier, est une montée en puissance dévastatrice où chaque note, chaque son présente une richesse de texture incroyable. Tout commence par quelques notes de piano égrenées qui me rappellent, certainement par le sentiment de plénitude qu'elles dégagent, la pianiste éthiopienne Tsegue-Maryam Guebrou. Dans le même temps, le jeu du percussionniste sonne comme des tiges de bambou qui seraient entrechoquées suite à l'action du vent. Après 4 minutes, des notes de basse répétitives font leur entrée et servent dès lors de fondation rythmique à tout le reste du morceau. L'atmosphère crépusculaire et la mécanique implacable de cette musqiue en font un accompagnement idéal pour, couché dans l'herbe en été, guetter le passage d'étoiles filantes ou, moins lyriquement, pour s'écrouler avec béatitude dans son fauteuil.
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lundi 19 janvier 2009

Comme chaque année...

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... l'équipe du Kraak a concocté une formidable affiche pour son festival annuel. L'évènement aura lieu le samedi 7 mars au Recyclart et au Faro.
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Parmi d'autres noms, je suis déjà très impatient d'assister aux concerts des légendaires Alan Silva (contrebasse, clavier et autres) et Burton Greene (piano) (ci-dessus, photo AC Wieringa). Le premier a joué notamment avec Albert Ayler, Cecil Taylor, Archie Shepp et Sun Ra ; le second avec Rashied Ali, Gato Barbieri, Patty Waters et bien d'autres. Dès le début des années 1960, ils forment ensemble le Free Form Improvisation Ensemble. Ils seront là, plus de quarante ans plus tard.
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Henry Flynt devrait être un des points forts de la journée. Philosophe et activiste depuis le début des années 1960 (on trouve des articles où il développe sa pensée sur son site internet), ses albums ont été réédités par le label Locust ces dernières années. Du minimalisme à la Tony Conrad de "You Are My Everlovin'/ Celestial Power" au rock n'roll-country psychédélique de "Nova'Billy" en passant par le blues crasseux et survolté de "I don't wanna", Henry Flynt a beaucoup travaillé à la réactualisation des musiques traditionnelles américaines. Je me réjouis de voir ce qu'il nous présentera lors du festival.
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Enfin, on pourra y découvrir en concert la musique d'El-G dont le très bel album de chanson française psyché-funéraire vient de sortir sur le label Kraak et celle du saxophoniste italien Valerio Cosi tout juste compilée sur Collected Works (Porter Records), album où on peut entendre rythmes tribaux, éructations free jazz et relents post-punk.
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Des infos plus complètes seront disponibles sur le site du label et du festival.

mercredi 14 janvier 2009

Il ne faut pas confondre les petitesses du monde avec les offenses du monde

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Je découvre le cinéma de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub (en cours d'édition dans la collection, une fois encore, Le geste cinématographique des Editions Montparnasse) via leur film Sicilia ! (1998, 63'). Découverte n'est pas un mot usurpé tant mon impression de révélation face à un cinéma aux formes et procédés inhabituels a été grande.
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Le film est adapté du roman Conversazione in Sicilia d'Elio Vittorini (écrit en 1937-38 et disponible en français dans la collection L'imaginaire, Gallimard). On y suit un émigré sicilien parti aux Etats-Unis depuis de longues années et de retour dans son pays natal. Successivement, il y rencontre un vendeur d'oranges, des voyageurs dans le train, sa mère et enfin un aiguiseur de couteau philosophe. Les conversations qu'il engage avec eux, déclamées sur un mode très théâtral, parlent de l'exil bien sûr, mais aussi de la trahison, de l'amour, de la tradition et de bien d'autres thèmes traités sans tomber dans l'explicatif banalisant.
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Au même plan que le "discours" du film ou les éléments et personnes filmées, la mise en scène assume une grande part de l'émotion suscitée chez le spectateur. D'abord, le cadrage de chaque plan est sublime. Les raccords souvent bruts, les aller-retour de la caméra sur le même paysage et la prise de son directe (j'ai rarement été autant attentif aux chants d'oiseaux ou bruits de machines dans un film) entraînent l'immersion du spectateur dans un nouveau monde. Monde de colère et de regret, mais aussi de sensualité. En effet, on y parle et filme beaucoup de nourriture. L'image du poisson mis à cuire m'a semblé d'une profondeur égale à certaines des plus belles natures mortes peintes au 17e siècle.
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Je ne suis pas certain de servir le film en traduisant mon impression en mots. Pour en avoir une idée par d'autres biais, consultez le dossier rassemblé par l'ancien Globe Glauber BRDF à l'occasion de la sortie du film.

mardi 13 janvier 2009

I wish I could sing

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Le bon goût du label Mississippi Records ne semble pas connaître de frontières, qu'elles soient géographiques, temporelles ou stylistiques. Depuis quelques années, ce mystérieux label (je n'ai jamais pu trouver son propre site internet) se spécialise dans la réédition d'albums rares en disques vinyles à des prix très raisonnables. Parmi ces pétites, on peut citer le gospel blues hanté de Washington Phillips (What Are They Doing in Heaven Today?), le groove oriental du 70s Thai Orchestra ou encore l'afro-pop malien de l'Orchestre regional de Kayes. A l'écoute de chaque nouvel album, l'impression d'une nouvelle intimité, voire d'une épiphanie, s'installe, de façon durable.
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Une de leurs dernières sorties est la réédition du disque "Bongo Joe" de George Coleman, initialement paru sur le label Arhoolie Records. Enregistré en 1969 à San Antonio, il s'agit du seul album de ce musicien de rue excentrique né en 1923. Par manque d'argent, Bongo Joe a commencé à utiliser un grand bidon d'huile vide comme percussion dès les années 1940. Son jeu, d'une puissance rhythmique dévastatrice et basé notamment sur des effets de résonance, évoque tour à tour les polyphonies africaines et les morceaux les plus sauvages de jazz New Orleans. Les éléments satiriques et très expressifs de son chant en font une espèce de proto-rap ivre. Incroyable et unique.
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Cette page donne des infos plus complètes sur Mississippi Records.

lundi 12 janvier 2009

Sound Unbound

L'art n'est pas seulement physique. L'art peut être échantillonné. L'art peut être ambigu. Tels sont certains des préceptes qui ont guidé Paul D. Miller alias DJ Spooky that Subliminal Kid dans l'achèvement du tour de force qu'est l'album Sound Unbound. Ce mix est sous-tendu par l'idée qu'un lien invisible mais puissant, pas toujours facile à décrire, relie les grands créateurs de l'avant-garde musicale du 20e siècle.
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Dj Spooky a puisé dans les (très) riches archives du label Sub Rosa pour réaliser un objet sonore aux allures de manifeste. La liste des contributions est impressionnante : Allen Ginsberg, Jean Cocteau, Sun Ra, Raymond Scott, Marcel Duchamp, Aphex Twin, Anthony Braxton, Steve Reich parmi bien d'autres. Les oeuvres de ces artistes ont été samplées, traitées et combinées de façon à créer un tout cohérent où on passe d'une ambiance méditative à un début de danse. L'association de James Joyce récitant un de ses poèmes et de la Gnossienne no. 1 d'Erik Satie en version dub engendre un nouveau "morceau" d'une mélancolie et d'une beauté à couper le souffle. Ailleurs, un rhythme hip hop carnavalesque transforme la récitation du Buste par Jean Cocteau en liesse jouissive. Et tout le reste de ce mix épique est à l'avenant.
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Le CD a initialement été conçu pour accompagner un ouvrage du même nom, sous-titré Sampling Digital Music and Culture et édité par DJ Spooky aux éditions MIT. Attention, on y trouve aussi bien des articles de Chuck D que de Pierre Boulez.

mercredi 7 janvier 2009

Relativiser le froid


« On ne montrait pas le thermomètre aux travailleurs ; c’était d’ailleurs parfaitement inutile : il fallait sortir quelle que soit la température. S’il y a du brouillard, il fait quarante degrés au-dessous de zéro ; si on respire sans trop de peine, mais que l’air s’exhale avec bruit, cela veut dire qu’il fait moins quarante-cinq ; si la respiration est bruyante et s’accompagne d’un essoufflement visible, il fait moins cinquante. Au-dessous de moins cinquante, un crachat gèle au vol. »

Les Récits de la Kolyma constituent la grande entreprise littéraire de Varlam Chalamov. Dans plusieurs dizaines de courts récits, il relate avec un style d'une puissance implacable son expérience de crevard au goulag. Pour plus d'infos, voir ici. Lire et puis se taire.

lundi 5 janvier 2009

Pour la suite du monde


Je n'en finis pas d'être impressionné par la qualité des films édités dans la collection Le geste cinématographique. Après ceux de Jean Rouch, des Groupes Medvedkine ou encore de Robert Flaherty, je découvre les films de Pierre Perrault. Poète et dramaturge, ce Québécois (1927-1999) a également réalisé plusieurs documentaires, notamment sur les habitants de l'Ile-aux-Coudres (sur le fleuve Saint-Laurent).

Dans Pour la suite du monde (1963, 105'), le cinéaste et son équipe débarquent sur l'île afin d'y filmer le reconstitution d'une pêche au marsouin telle qu'elle a été pratiquée jusqu'en 1924. Pour ce faire, les plus jeunes insulaires s'instruisent sur la marche à suivre auprès des "anciens". On suit dès lors cette pêche depuis sa préparation jusqu'à sa réalisation par la capture d'un animal qui sera amené en camion à l'aquarium de New York.

La beauté des paysages et des acteurs est magnifiquement restituée par une mise en scène toujours inventive, qui participe pleinement au projet humaniste du réalisateur. Cette démarche permet de passer outre certains problèmes de compréhension du patois et de l'accent des acteurs. Parfois même, on se laisse bercer par l'aspect musical de cette langue poétique. Sous ses dehors sympathiques, le film traite sans en avoir l'air de sujets graves tels que la transmission du patrimoine, le progrès, le fonctionnement d'une communauté relativement isolée ou encore le respect de la nature.

Comme avec L'homme d'Aran de Robert Flaherty (1934) avec lequel le film partage de nombreuses similitudes (là aussi, il s'agit de "restituer" une pêche), on peut s'interroger sur le statut de ces réalisations où le cinéaste provoque le réel afin d'en puiser une vérité que l'enregistrement brut ne pourrait peut-être pas révéler. Dès lors, on parlera peut-être plus facilement de docufiction pour les qualifier. En tout cas, je n'oublierai pas de sitôt la plantation des poteaux utiles à la capture de l'innocent mammifère marin (voir première photo ci-dessus) ou l'immense joie collective lors de la capture de ce dernier.

Plus d'infos sur la vie et l'oeuvre de Pierre Perrault ici. Le film est visible en streaming ici.